À une époque pas si lointaine quand la gastronomie montréalaise n’était pas ce qu’elle est aujourd’hui, le restaurant Hélène-de-Champlain était une de ces tables où il fallait être vu. Est-ce que la cuisine était bonne, aucune idée, mais une chose est certaine, l’immeuble fait bel et bien partie intégrale du patrimoine bâti du Parc Jean-Drapeau. Voici le troisième et dernier texte sur le plan directeur du parc présenté plus tôt cette semaine.
L’immeuble appartient au plan d’ensemble du parc de l’île Sainte-Hélène tel que conçu par Frederick G. Todd en 1931. Construit à la fin des années 30 et transformé en restaurant en 1955, il connaît son heure de gloire pendant l’Expo, où il sert de pavillon de réception où la grande majorité des chefs d’État et dignitaires sont accueillies.
En 2009, le restaurant ferme ses portes afin de subir une cure de rajeunissement. Seize millions de dollars ont été investis par la Ville pour enlever l’amiante, refaire la plomberie, l’électricité et le chauffage, ainsi que pour changer les portes et les fenêtres, il ne rouvrira jamais. L’intérieur du bâtiment semble toujours en chantier, laissez au temps comme si les ouvriers sont sur le point de revenir. Les murs, les planchers et les plafonds sont à refaire et la décoration intérieure a complètement été vidée.
Pour l’Expo, Louis Perron, le premier architecte paysagiste québécois francophone, conçoit une roseraie qui doit s’étend du pied du bâtiment vers le chenal. Ce jardin constitue une création remarquable et représente un courant en aménagement floral typique de son époque.
Au fil des années, plusieurs annonces de réaménagement son effectuées, le plus récent, en 2016 où on propose d’ajouter le bâtiment à l’offre événementielle du parc Jean-Drapeau qui compte les anciens pavillons du Canada et de la Jamaïque, populaires chez les nouveaux mariés.
Dans l’actuel plan directeur 2020-2030, on propose une complète transformation au cours des prochaines années, le pavillon deviendra un espace de convergence dédié à l’innovation environnementale. Premier pavillon d’un futur Campus de la transition écologique au parc Jean-Drapeau, devant fonctionner en complémentarité avec les vocations éducative et emblématique de la Biosphère, l’Hélène-de-Champlain accueillera des travailleurs en résidence.
Ce lieu devrait combiner des espaces de travail partagés (co-working), des lieux d’échange et d’innovation et des salles multifonctionnelles pour des organismes à but non lucratif, pour des entreprises privées et pour des chercheurs dans tous les domaines de la transition écologique.
Il comprendra également une aire de restauration dans la rotonde. Les installations seront pensées pour accueillir aussi bien des professionnels que des groupes scolaires. Le bâtiment lui-même et son jardin constitueront des vitrines de savoir-faire écologique.
Le Campus de la transition écologique devrait être exploité par des acteurs professionnels rigoureusement choisis, le secteur du mont Boullé et ses bâtiments emblématiques comme le pavillon Hélène-de-Champlain et La Biosphère qui a déjà fait le saut aux réseaux muséal d’Espace pour la vie dans une annonce récente.
Maintenant, reste à savoir si cette fois sera la bonne pour l’ancien restaurant qui pendant ses 27 dernières années aura été sous la gestion de l’animateur de radio et de télévision Pierre Marcotte.