Le Fort Senneville

Temps de lecture approximatif de 4 minutes

Voilà quelques semaines, j’ai contacté mon « pusher » de vidéo par drone, le formidable Simon Parent, et je lui ai demandé s’il connaissait le fort Senneville, à la surprise de personne, il ne connaissait pas. Aucune faute à Simon, simplement que ce fort datant de la Nouvelle-France est inconnu du public en général.

J’ai donc développé une obsession pour ce fort qui m’a poussé à en faire le sujet de ma plus récente vidéo disponible sur la chaîne Youtube du blogue.

Quand je dis une obsession, je ne mens pas, lectures de documents ancestraux, ligne du temps pour savoir à qui appartenait le fort à quel moment. Qui l’a construit réellement et même « débunker » des faits perpétués avec le temps par de supposés experts.

Information sous clé pour le moment car je ne sais pas si cette idée fixe pourrait éventuellement se développer en un autre projet.

Royal Ontario Museum

Durant mes recherches, je suis tombé sur les résultats archéologiques effectués par le Royal Ontario Museum (ROM) en 1971 et si la majorité de la collection est constituée de platine à silex et autres pièces d’armes de l’époque, reste que je me suis demandé comment un musée ontarien s’est retrouvé à effectuer des fouilles sur l’île de Montréal.

Il paraîtrait qu’un ancien propriétaire aurait approché des institutions locales qui ont toutes refusé l’offre. C’est donc le ROM qui a répondu à l’appel en envoyant l’archéologiste Donald Blake Webster.

Vous pouvez aussi voir les items amassés lors des fouilles de 71

Tête de brosse à dents datant de 1700-1760
Cadenas fabriqué en France datant de 1730-1760
Royal Ontario Museum, 971.485.13
Tête de brosse à dents datant de 1700-1760
Tête de brosse à dents datant de 1700-1760
Royal Ontario Museum, 971.485.148

Une histoire de dette

Il y a des faits intéressants que je n’ai pas cru bons à la narrative de la vidéo, mais qui sont toutefois amusants en soi.

Comme par exemple, dans la narration, je mentionne que Michel Sidrach du Gué de Boisbriand (1638-1687) vend ces terres à son beau-frère Jacques Le Ber (1633-1706) et son partenaire d’affaires, son propre beau frère Charles LeMoyne (1626-1685). Malheureusement pour Boisbriand, disons qui leur a plus laissé que vendu pour couvrir une dette envers ses créanciers. En 1683, Le Ber achète les parts de Le Moyne pour devenir l’unique seigneur.

D’ailleurs les familles Le Ber et Le Moyne sont parmi les premières familles super importantes de l’histoire de Montréal et seraient certainement un bon sujet de textes pour le site.

Benedict Arnold

Je ne suis pas un grand connaisseur de l’histoire des États-Unis et de la guerre d’indépendance. Ce que je sais par contre c’est que ce cher Arnold est considéré comme un traître aux yeux des américains.

En 1780 après 25 ans dans la milice américaine il se voit offrir le poste de commandant du fort West Point sur la rivière Hudson dans l’état de New York. Site que Georges Washington lui-même considère comme l’une des plus importantes positions sur le continent.

Arnold entame rapidement des négociations secrètes avec les Britanniques pour se rendre et ainsi leur laisser le fort stratégique, en échange d’une somme monétaire importante de 20 000£ et d’un poste de commandement dans l’armée britannique.

Son principal intermédiaire, le major britannique est capturé en septembre 1780, alors qu’il tente de traverser Britanniques et Américaines, déguisé en civil. Les documents trouvés sur le major incriminent Arnold pour trahison. Apprenant la capture de son acolyte, Arnold s’enfuit vers les lignes britanniques avant que les patriotes ne puissent l’arrêter.

West Point reste aux mains des Américains, et Arnold ne reçoit qu’une partie de la prime promise alors qu’André est pendu comme espion en octobre 1780. Arnold devient rapidement l’un des personnages les plus honnis de l’histoire des États-Unis.

Ironiquement, sa trahison devient son dernier service à la cause américaine. La nouvelle de son acte redonne de l’énergie au moral des Patriotes qui en 1780, perdent énormément du terrain et subissent de nombreuses défaites sur les champs de bataille.

Terrain privé

Autant que je sois triste qu’il soit impossible de visiter les vestiges du fort, il est important de rappeler qu’il est, dès le début, situé sur des terrains privés. La famille Hackney, qui ont vendu l’endroit en 2004 ont bien tenté de vendre la partie où se situe le fort à Parcs Canada, organisme responsable des lieux historiques, mais aucune entente ne s’est concrétisée.

Vue de la Maison John Abbott appelée « Boisbriant » à Senneville
Vue de la Maison John Abbott appelée « Boisbriant » à Senneville
BAnQ, 2725699

En plus de John Caldwell Abbott (1821-1893), ancien Maire de Montréal et 3e premier ministre du canada. Le bout de terre dans le lac des Deux-Montagnes porte d’ailleurs le nom de Pointe Abbott.

La propriété sera aussi achetée en 1898 par Edward Seaborne Clouston (1849-1912), personnage prédominent dans l’histoire de la Banque de Montréal. Puis John Lancelot Todd (1876-1949), médecin et parasitologue, qui épousera la fille du financier, Marjory Clouston.

Aujourd’hui, la demeure et le fort appartiennent à un imminent cardiologue Québécois ayant fait sa fortune en vendant une de ses inventions à la compagnie Philips.

La raison derrière la vidéo est avant tout pour faire connaître ces vestiges importants de l’histoire de la Nouvelle-France. Je vous invite bien sûr à ne pas vous rendre et de déranger la vie privée des actuels propriétaires, ils n’ont rien fait qui ne l’a pas déjà été depuis plus de 330 ans à la construction de la structure et du moulin. Si le bon Docteur voit ce texte, j’aimerais bien visiter l’endroit légalement.

D’ailleurs, le moulin et une des structures originales de De Montigny se trouvent sur les terrains voisins et n’ont pas la même adresse. Celui-ci appartient à un magnat de l’immobilier beaucoup moins sympathique.

Je vous laisse, tout comme dans la vidéo, sur les superbes images par drone piloté par Simon.

Vidéos par Simon Parent, Montage Martin Bérubé

Commentaires

Martin Bérubé Écrit par :

Amoureux de Montréal, fasciné par l'histoire de la ville, son urbanisme et sa toponymie, ni historien ni spécialiste du sujet, Martin n'était même pas né à l'époque de 99% des sujets discutés de ce site. Il aime trouver des réponses aux questions qui sont posées. Les billets que vous lisez ne sont que les résultats de la quête vers des réponses et le besoin de partager.