Merci à Radio-Canada de m’avoir rappelé l’existence de ce moyen de transport souvent oublié entre la rive sud et le vieux Montréal. Avec les constructions sur les ponts et le temps entre Montréal et ces rives peuvent varier entre des heures et des heures les jours de semaine et que la ligne jaune du métro restera fermée encore les fin de semaine d’été, une option de plus pour venir profiter des activités de Montréal ne peut certainement pas nuire à personne.
Je me demande combien de Longueuillois travaillent dans les alentours du Vieux Montréal et qui n’ont jamais pensé à utiliser le traversier entre le Quai Jacques-Cartier du Vieux Port et la Marina plaisance de Longueuil pour se rendre au travail et qui ne prend qu’une vingtaine de minutes? Durant une période de plus ou moins trois mois, du 25 juin au 1er septembre, le traversier, opéré par les Croisières AML de la famille Hamel de Québec, fait la navette entre Longueuil et Montréal et au retour, avec une escale sur l’Île Ste-Hélène. Mais voilà il y a un problème, Croisière AML ne semble pas avoir flairé la bonne affaire, toujours selon Radio-Canada, environ 100 000 navetteurs ont utilisé le service la saison passée. Cette année par contre, la situation des infrastructures et les réfections en cours pourrait facilement forcer la main de certains banlieusards à voir ce service comme un sérieux moyen de transport.
Des départs aux 45 minutes, un prix saisonnier que de 59,50$ (lundi au vendredi) et un temps de trajet qui bat n’importe quel pont, la traverse est plus que respectable, mais un premier départ matinal à 10h05 rend l’opération assez inutile quand on sait que le 9h à 17h est un standard assez bien intégré pour les heures de bureau. Un premier départ à 7h30 ou 8h serait sûrement des bienvenues pour plusieurs utilisateurs qui pourraient être tentés. Voilà, sûrement qu’il y a anguille sous roche et encore une histoire de papiers, de « pas dans ma cour » ou de « C’est la faute à une autre personne » fait que les riverains sont privés d’un service qui serait probablement bien utilisé et pour plus que trois mois.
Quelques exemples en Amérique du Nord. La rivière Hudson qui sépare New-Jersey à Manhattan opère plusieurs lignes de traversier. La NY Waterway opère plus de 15 lignes de traversier variant entre 200$ et plus de 600$ mensuellement pour l’utiliser et ce prix inclus dans plusieurs cas une navette par autobus vers un centre névralgique d’affaire. Même histoire à San Francisco ou les ferries font les navettes durant les heures habituelles de transit et où le passage mensuel coûte entre 185$ et 290$ selon le trajet. Même à Boston, la Massachusetts Bay Transportation Authority (MBTA) opère en plus du métro, des autobus et des trains, trois lignes de traversiers avec une passe mensuelle de 262$ qui inclut le passage pour les transports terrestres. La STM a-t-elle déjà pensé s’acheter des bateaux? Dans les exemples canadiens il y a le Seabus de Vancouver et la traverse entre Lévis et la ville de Québec.
Le Premier Ministre Couillard avait durant la campagne lancée l’idée de traversiers à différents endroits entre la rive sud et Montréal dans sa Stratégie Maritime. Le document de 48 pages donne peu de détails sur ce projet de traversier, mais qu’il s’agit d’une solution pour décongestionner les accès à Montréal, qui vivra prochainement les conséquences de vastes chantiers comme la construction du nouveau pont Champlain. Le coût projeté serait de 10 millions par année. L’AMT, mandaté par le Ministre des Transports Pierre Moreau, à en 2012 rejeté les résultats suites à une étude pour examiner la création d’un service de bateau-bus entre l’île de Montréal et la Rive-Sud, l’AMT conclut que « la population ne serait pas au rendez-vous ». « Cela a été étudié, mais ce n’est pas un mode de transport qui a été retenu », a expliqué Brigitte Léonard de l’AMT.
À lire entre les lignes, suite à la réponse de l’AMT, il y a un manque de vouloir s’embarquer dans un autre projet, déjà que cet organisme en arrache avec ceux qu’ils ont déjà comme Le SRB Pie IX et Le train de l’Est. Les choses ont énormément changé depuis 2012 et l’idée pourrait refaire surface. Le plus grand inconvénient est le manque flagrant de transport en commun dans le vieux port. Ces navettes fluviales pourrait facilement se joindre à ceux tramway dans le vieux si on le voit un jour, mais pour l’instant, il n’y a que la ligne 715 sur de la Commune qui permettrait une connexion au Métro et au Centre-Ville. Ligne dont il faudrait bonifier les passages aux heures de pointe, mais qui n’est pas nécessairement facile à faire lors de festivals et d’événements spéciaux dans le vieux port sur une rue qui durant l’été est régulièrement congestionnée. La possibilité d’ajouter une ligne direct entre la Rue de la Commune et le Palais des Congrès serait une solution rapide pour éviter le quinze minutes de marches pour se rendre à celui-ce en partant du quai.
Finalement, il a la météo que l’on ne contrôle malheureusement pas dans le sud du Québec. En ce moment, cette navette plus touristique qu’autre chose n’est que disponible que durant trois mois. Je suis d’accord que malgré l’hiver long que nous avons eu, il serait possible dès la mi-avril d’utiliser la navette et ce jusqu’à la fin octobre et ainsi étirer la période de trois à six mois. Montréal a une longue histoire de traversiers avec la rive-sud, nos ancêtres mieux nantis se rendaient à l’Île Ste-Hélène pour pique-niquer et avant la construction des ponts, passait d’une rive à l’autre à l’aide de traversier un peu partout autour de l’île. Parmi les plus populaires il y avait celui entre Lachine et Kahnawake et celui entre Verdun et La Prairie. Mais voilà l’arrivée en masse de l’automobile, des ponts et l’étalement urbain a tout simplement eu la peau des dernières navettes fluviales sérieuses.
De temps en temps, le projet refait surface, le retour de la navette entre la rive-sud et Montréal. Comme tout projet de société ça prend la main heureuse, le pouvoir de rassembler plusieurs organismes de différents paliers gouvernementals et connaître les bonnes personnes, corruption exige! Il est fort probable que ce projet ne soit même pas rentable, avec le vent de changement et la priorité donnée aux transports en commun, peut-être reverrons-nous des traversiers sur le Fleuve St-Laurent entre Longueuil et le Vieux Port, entre Verdun et Brossard. Pourquoi pas un projet pilote tant qu’à y être!!