Rue de Sébastopol

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Quand les gens me demandent quelle est ma rue préférée à Montréal, plusieurs noms me passent par la tête. Il y a les traditionnelles comme Ste-Catherine, Rachel, Mont-Royal, St-Laurent, St-Denis ou du Parc. D’autre aussi connues, mais que les non-résidents oublient souvent comme Masson, Bernard, Gouin ou le Boulevard LaSalle. Mais plusieurs petits bijoux se retrouvent dans des recoins de la ville, de petites rues souvent oubliées même par les gens qui habitent à quelques secondes. C’est le cas d’une de mes rues préférées dans tout le grand Montréal. La rue de Sébastopol.

La petite rue de 430m situés à Pointe St-Charles dans le Sud-Ouest est un brin d’histoire en elle-même. Rappelant l’histoire industrielle de la ville, vous n’y retrouverez aucune boutique et vraiment rien de vraiment attirant pour nos touristes préférés. Ce que vous retrouverez c’est une petite série de toutes petites maisons en rangée à deux étages faisant face à une gare de triage ferroviaire qui, elle aussi, est remplie d’histoires.

Connut sous le nom de « Sebastopol Row » ou du « Grand Trunk Row » la collection de maisons d’appartements construits 1855-1857 servant à loger une main d’oeuvre de haute qualité par la compagnie ferroviaire du Grand Tronc. D’apparence modeste, les bâtiments implantés en bordure du trottoir qui autrefois avait accès direct aux usines du GTR (aujourd’hui le C.N.) ont une toiture à deux versants et leur façade est pratiquement dénuée d’ornementation. Cette série de maisons était autrefois constituée de six « quatre-plex » et d’une maison de chambres au milieu pour chauffeurs et techniciens de train. Suite à un laissé-aller de la part des propriétaires du moment, les années 60 ont vu la démolition de trois des bâtiments ainsi que la maison de chambres, question de sécurité. Aujourd’hui, vous n’y retrouverez que trois des six « quatre-plex ».

Rue de Sebastopol row
Les murales au dessus des portes des trois édifices restants

La Pointe Saint-Charles est un berceau important de l’histoire industrielle montréalaise, surtout, suite à l’élargissement du Canal Lachine au milieu du 19e siècle. En 1853, la compagnie de chemin de fer du Grand Tronc, aujourd’hui connue sous le nom du Canadien National, s’implante à la pointe Saint-Charles en acquérant des Soeurs de la Congrégation un vaste territoire situé dans la partie nord-est. Ces installations offrent la meilleure technologie en fabrication de wagon et de locomotive, couplé avec la construction du Pont Victoria aide à faire de Montréal une plaque tournante importante de l’industrialisation de la métropole. Ce qui attirera des joueurs importants dans le monde du transport sur rails, comme par exemple, la compagnie du Canadien Pacifique s’installera plus à l’est au début du 20e siècle avec ces « Shop Angus ».

Photos http://digital.library.mcgill.ca

Encore habité aujourd’hui, le Sebastopol Row d’inspiration anglaise, est l’ancêtre des habitations d’ouvriers que l’on voit partout à Montréal, que vous soyez à St-Henri, Verdun, Rosemont ou Hochelaga ou n’importe quel autre quartier dit « de cols bleus », vous pouvez voir l’influence que cette petite rangée de maisons a eue sur l’architecture de la ville tout entière, il est même facile de voir des ressemblances avec les condos qui offrent un embourgeoisement de ces mêmes quartiers qui autrefois voyait les ouvriers entrer d’une journée difficile « à shop »

Photo par Fotoprose.

Autre note historique, la dénomination rappelle le long siège que subit la ville russe de Sébastopol (Ukraine) et la victoire des armées anglaises, françaises et piémontaises, le 8 septembre 1855. Cette victoire marque le début de la fin de la guerre de Crimée.

Commentaires

Martin Bérubé Écrit par :

Amoureux de Montréal, fasciné par l'histoire de la ville, son urbanisme et sa toponymie, ni historien ni spécialiste du sujet, Martin n'était même pas né à l'époque de 99% des sujets discutés de ce site. Il aime trouver des réponses aux questions qui sont posées. Les billets que vous lisez ne sont que les résultats de la quête vers des réponses et le besoin de partager.