La Rue Gary-Carter est maintenant chose faite. La Rue Faillon Ouest n’est plus. J’ai déjà donné mon point de vue sur ce changement de nom dans un billet passé lors de l’annonce officiel en février 2012. La petite rue Faillon Ouest d’un demi-kilomètre reste dans le deuil son frère plus grand, Faillon Est qui s’étire de St-Laurent à St-André, ou plus ou moins 900 mètres, donc pas tout à fait 1km. Donc, c’t’un p’tit bout d’rue!
Mais qui était Étienne-Michel Faillon qui vient de se faire couper de moitié? Né à Tarascon, France en 1799 ce prêtre, historien et écrivain sulpicien a passé lors de trois voyages différents un total de sept ans à Montréal (Gary Carter; 11 ans) entre 1849 et 1862. Pendant ces séjours en ville, le prêtre Faillon se joint d’amitié avec la communauté féminine de Montréal (rare pour un prêtre!) établie sous le Régime français. Ces relations l’apporte à écrire les biographies des femmes les plus importantes de la colonie. Marguerite Bourgeoys (PDF, Vol.1 , Vol.2), Marie-Marguerite d’Youville (Lire en PDF), Jeanne Le Ber (Lire en PDF) et Jeanne Mance (PDF, vol.1 , vol.2) . Fait à noter que Françoise David n’était pas encore née.
Étienne-Michel Faillon est aussi un membre très actif de la communauté Sulpiciennes s’occupant de codifier les règlements de ces congrégations locales en plus d’être un genre de secrétaire pour les affaires de la congrégation. Même si ces biographies ont un certain succès, il est surtout reconnu pour son « Histoire de la colonie française en Canada ». il consulte les archives des communautés de Montréal et de Québec et les greffes des notaires de ces deux villes. Il est assisté de plusieurs copistes qui transcrivent les documents sous ses ordres. Il visite aussi les grandes bibliothèques de Paris, parcourt les collections de Saint-Sulpice, de la préfecture de Versailles, de l’archevêché et de la préfecture de Rouen, ainsi que les collections du British Museum de Londres. Il réunit ainsi en 30 volumes in-quarto une documentation devant servir à rédiger une histoire de la Nouvelle-France en quelque dix volumes. Ses réalisations furent plus modestes que ses ambitions : il ne put faire imprimer avant sa mort que les trois premiers volumes de son Histoire de la colonie française. (Lire en PDF, Vol.1, Vol.2, Vol.3) Si l’on ajoute cette oeuvre monumentale à ses biographies de fondatrices, Faillon a publié quelque 4 000 pages en histoire canadienne. (NDLR; Cette dernière partie est copié-collé de cette bio complète sur Faillon, pourquoi réécrire ce qui est déjà si bien écrit).
Des traces de Faillon sont aussi à l’intérieur de la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours dans le vieux Montréal. La statue Notre-Dame-de-Pitié ou La Pietà a été offerte à la Congrégation de Notre-Dame par le sulpicien. Elle est arrivée à Montréal en 1855. Les sœurs de la Congrégation de Notre-Dame lui érigèrent une chapelle sur le terrain de leur maison mère, et La Pietà y fut installée en 1860. Elle y est restée jusqu’en 1912. Cette année-là, la maison mère ainsi que toutes ses dépendances furent démolies pour faire place au boulevard Saint-Laurent. La Pietà intégra alors la nouvelle maison mère de la Congrégation. C’est en mars 2008 que la statue arrive à Notre-Dame-de-Bon-Secours. L’intérieur de la statue contenait de plusieurs billets de prière, des photographies et d’autres menus objets déposés là par les fidèles qui s’étaient rendus prier devant elle ayant des dons miraculeux selon certain.
Fait humoristique, l’oeuvre de Faillon se fait traiter régulièrement de « Régionalisme Montréalais » par le clergé de la région de Québec, comme quoi cette rivalité antimontréalaise de la vieille capitale, ne date pas d’hier. L’Abbé Étienne-Michel Faillon décède le 25 octobre 1870 à l’âge plus de respectable de 71 ans alors que Paris est assiégé pendant la guerre franco-allemande et qu’il répète à ceux qui veulent bien l’entendre à son chevet mourant « Ils ne nous ôteront pas Jésus-Christ ».
Pour lire la biographie de Faillon par Adam Charles Gustave Desmazures. Voici le lien Google Books