Projets pour le pont Champlain et le Silo nº5

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En 2014, au moment où les projets déferlaient sur la conférence « Je vois MTL » nous avions suggéré sur le blogue deux idées qui nous tenaient à cœur à ce moment-là. Nous avions proposé ces idées à absolument personne, sauf ceux et celles qui voulaient bien lire notre texte sur des projets qui pour nous auraient amélioré la ville dans son ensemble. Forcé d’admettre qu’il y a des gens qui pensaient comme nous puisque le pont Jacques-Cartier a vu ses premiers tests d’illumination au cours des dernières semaines. L’autre idée que nous avions, la réouverture du restaurant Île-de-France situé dans le mythique 9e étage du Complexe les Ailes, qui à l’époque était l’Eaton du centre-ville. Pour ce dernier, je crois que c’est toujours possible.

2017, l’année du 375e est déjà bien remplie de projets, réussis ou non. (un rodéo, sérieusement?) Nous nous permettons tout de même de refaire cet exercice de 2014 et de vous proposer deux projets qui dans nos têtes de rêveurs éternels, pourraient se réaliser au cours des prochaines années.

La transformation du vieux Pont Champlain
Alors que le nouveau Pont Champlain sort de l’eau en parallèle à son prédécesseur, il y a peu de discussions sur l’avenir de ce dernier qui vient de nous coûter rien de moins que 370 millions de dollars pour son renforcement. On ne se le cachera pas, le Pont Champlain a mauvaise mine. Je ne suis pas ingénieur, mais quand tous les professionnels qui touchent de loin ou de prêt à sa structure nous affirment que le pont est dangereux, je crois qu’il n’y a pas de théorie du complot ici. On parle du pont le plus occupé du Canada avec autour de 150 000 véhicules qui y circulent chaque jour, comme disaient nos parents, ça fait du monde à messe ça! Or voilà, pourquoi ne pas transformer cette dépense en investissement?

Dernier treillis de renforcement du pont Champlain
Photo: PJCCI

L’idée n’est pas nouvelle et a été lancée à qui veut bien l’entendre à quelques reprises. Pourquoi ne pas transformer le lien entre Montréal et la Rive-Sud en un espace public. Le sel et le calcium sont les facteurs principaux à la dégradation de Champlain. Ajouter à ça la grande quantité de passages routiers, la multiplication des autobus suite à l’étalement urbain et les vibrations des camions encore plus fréquents dans ce corridor vers les États-Unis et cela vous donne beaucoup de raisons pour ériger un nouveau pont qui rencontre toutes les normes de sécurité. Enlevez tout ça, qu’est-ce qui vous reste? Ce n’est pas la présence d’un peu de verdure, de quelques centaines de cyclistes et de piétons qui mettraient la vie de la structure en danger? Le Saint Graal pour plusieurs urbanistes est le fameux High Line Park de New York qui a transformé une partie de la ligne ferroviaire surélevée West Side en parc linéaire. À chaque projet de verdissement, les autorités adorent lancer le « High Line Park » comme un mot clé, un genre de terme à la mode, un mot branché qui pour une raison ou une autre est le point à atteindre lors d’un nouvel espace public.

High Line Park, New York

Imaginez un parc linéaire entre Verdun et Brossard avec des stationnements payants sur les deux rives ayant accès à la piste cyclable existante qui se rend déjà à l’île des Sœurs. En plus, il faut avouer qu’il manque énormément de liens cyclables au-dessus du St-Laurent. Avec la piste du Pont Jacques-Cartier fermée quatre mois sur douze, celle du Pont Champlain pourrait être ouverte à l’année. Imaginez des événements comme le Dîner en Blanc avoir lieu sur le tablier, ou bien un concert gratuit sur la structure principale? Si le poids moyen d’une voiture est de 1 400 kg, ça fait beaucoup de gens qui peuvent profiter de cet espace avant de tomber dans la limite du dangereux. Quelques clôtures anti-suicide comme celles de Jacques-Cartier viendraient sécuriser le tout sans empêcher de regarder les bateaux déambuler sous nos pieds dans la voie maritime. À l’extrême, installons une passerelle de verres pour les plus téméraires d’entre nous. Les possibilités sont tellement grandes que l’idée doit déjà germer dans la tête d’une personne qui a les moyens politiques et la force d’être écoutée à quelques parts.

Une page Facebook a été créée voilà quelques années sans grand succès. Je dois avouer que les évocations m’ont grandement aidé à me faire une idée visuelle de ce qu’aurait l’air un tel espace public. Je ne fais que m’imaginer un grand espace, avec peut-être un casse-croûte à mi-chemin, quelques machines distributrices, un peu comme on peut voir dans la portion ouest du Vieux-Port. Même si je cris plus une installation municipale, le pont lui, est fédéral. Cela pourrait alors être géré par Parcs Canada comme ils le font avec succès pour le parc du Canal Lachine par exemple. Je sais, j’ai sûrement manqué des bouts, mais rien ne m’empêche de rêver un peu. Ayant grandi dans l’ombre du Pont Champlain, voir cette structure disparaître serait pour moi comme la perte d’un ami.

Un centre de ski intérieur
On parle souvent de notre nordicité et à voir la température en ce moment, Montréal n’a pas totalement perdu la sienne. Beaucoup de résidents ont finalement embrassé cette longue saison. Le ski de fond est de plus en plus présent sur les rives des rapides de Lachine et ce de Verdun à Dorval. La raquette reprend une grande popularité et Montréal est un hub du vélo d’hiver. De plus, les gens se déplacent en grand nombre dans les différentes montagnes de la Montérégie ou des Laurentides pour aller faire du ski alpin. Ajoutons à ça note touche personnelle avec des festivals comme Montréal en Lumière et l’Igloofest qui font aussi sortir les gens par temps froids, Montréal est une vraie ville hivernale, difficile de le cacher. Si les snowbirds font leurs migrations annuelles pour aller dépenser leur argent du côté de Donald Trump, plusieurs d’entre nous reprennent goût à l’hiver. C’est avec ça en tête que je me demande pourquoi je ne peux pas pratiquer mon sport d’hiver préféré à longueur d’année. Le hockey et autres sports de glace sont disponible douze mois par année, pourquoi pas le ski alpin?

Centre de Ski à Krasnogorsk (Moscou)

Pour ma prochaine idée, je vous apporte donc dans le petit monde des pistes de ski intérieures. Si vous ne le savez pas encore, il existe une vingtaine de ces centres de ski partout dans le monde, mais pas ici! Je n’ai pas fait une recherche extrême sur le sujet, mais les plus connues sont surtout à Dubaï parce que pendant qu’il fait 40°C à l’extérieur, il est possible de skier à l’intérieur d’un centre d’achat sur cinq pistes, dont une de 400m. Ce n’est pas très long, je vous l’accorde, mais pour pratiquer ce sport à longueur d’année, c’est pas mal. (Attention, avertissement de sarcasme.) Un pays reconnu pour son ski est sûrement l’Angleterre qui possède cinq de ces centres sportifs, dont la plus longue piste a 180m. Nommé Chill Factore (oui, avec un e), l’établissement offre en plus du ski, de la glisse sur tube et des murs pour l’escalade. Les Pays-Bas ont six de ces centres et il est aussi possible d’en trouver en Russie, en Espagne, en Allemagne et au Japon. En France on retrouve, avec un nom très français, Le Snow Hall avec, comme dit la publicité ci-bas, l’unique piste indoor de France, avec 620m de long.

Vous êtes rêveur? Alors, tenez-vous bien, je vous apporte dans une idée loufoque, mais ô combien convaincante. Pourquoi ne pas construire un centre sportif avec pistes de ski intérieures, murs d’escalade, patinoire intérieure et autres activités hivernales directement sur le quai de la Pointe-du-Moulin où est actuellement le Silo nº5? Nous avons la hauteur et la longueur, entre la pointe du quai et son plus proche voisin important (ADM), il y a presque 700m. Bien sûr, il y a quelques entrepôts en piteux état, mais ne sommes-nous pas à une expropriation prête? J’exagère, je sais, mais l’endroit reste intéressant. Ça redonnerait la nouvelle vie à l’ancien élévateur tant attendue et nous pourrions profiter de sa présence comme un attrait public. Si cet été Parcs Canada, propriétaire du terrain, a décidé de placer un camping de luxe avec le Village des Écluses, l’accès aux sports est la prochaine étape logique et viendrait ajouter une offre touristique importante à la ville.

Vous avez sûrement remarqué que je rigole un peu, mais je suis quand même sérieux quand j’affirme que ce serait un emplacement parfait pour ce genre de centre touristique. Autre avantage, cela pourrait permettre à nos skieurs acrobatiques de peut-être pratiquer 12 mois par année à la maison, l’hiver sur les montagnes et l’été à l’intérieur, à Montréal. Après tout, nous avons parmi les meilleurs au monde, ça serait plus qu’intéressant de les regarder s’entraîner durant les périodes où il n’y a pas de compétitions internationales. Ajouté à ça des camps de jour pendant les mois de relâche scolaire, des salles de réceptions pour événements spéciaux et vous avez sur les mains une machine à imprimer de l’argent (manière de parler.)

Ces deux « projets » sont bien sûr que des idées d’un rêveur qui aime Montréal et souhaite de tout son cœur voir la ville améliorer son offre touristique. Si l’année dernière plus de 10 000 000 de touristes sont venus nous visiter (source), un superbe parc unique sur Champlain et un centre sportif hivernal en pleine zone touristique seraient dans le règne du possible. Je ne suis pas les capacités pour savoir si tout ça est faisable et je n’ai pas les moyens financiers d’un Alexandre Taillefer alors, qui sait ce qui peut se passer. J’aime partager mes idées comme celles-ci, en 2008, sur le forum MTLurb où j’avais fait part de mon idée de taxis électriques (vous pouvez lire le texte ici). Je ne dis pas que je suis la seule personne à y avoir pensé, mais vous verrez les similitudes avec l’aventure qu’est Téo Taxi. C’est en lançant des idées comme celles que vous avez lues aujourd’hui, que peut-être quelqu’un qui a les moyens et les bonnes connexions pourrait prendre la balle au rebond et courir avec, tout ça, pour améliorer notre ville.

Commentaires

Martin Bérubé Écrit par :

Amoureux de Montréal, fasciné par l'histoire de la ville, son urbanisme et sa toponymie, ni historien ni spécialiste du sujet, Martin n'était même pas né à l'époque de 99% des sujets discutés de ce site. Il aime trouver des réponses aux questions qui sont posées. Les billets que vous lisez ne sont que les résultats de la quête vers des réponses et le besoin de partager.