Si vous avez déjà visité Toronto, vous avez peut-être remarqué une tour colorée et illuminée à quelques pas de l’hôtel de ville. Cet échafaud qui clignote et affiche différentes couleurs qui semblent aléatoires se trouve sur le toit de l’édifice Canada Life Insurances est en réalité une balise météo.
La fonction première de ce phare est d’afficher de façon visuelle la météo pour les prochaines heures. Popularisé dans les années 50, bien avant la disponibilité de nos cellulaires et de l’internet, on en retrouve encore plusieurs actif dans le monde.
La Canada Life Insurance
À la même époque, la compagnie d’assurance prépare la construction d’un nouvel édifice pour y déplacer ses bureaux de Montréal alors situés rue Saint-Jacques. Voulant faire un coup de publicité, la direction de Canada Life prend la décision d’y ajouter, comme ils l’ont fait dans la ville reine en 1951, une tour météo à leur nouvel immeuble du 505 rue Dorchester (René-Lévesque).
Le baromètre, inaugurée le 12 avril 1956 durant une grande cérémonie, mesure 27 m et se trouve sur le toit de la tour de 14 étages. C’est le maire Jean Drapeau qui aura l’honneur de pousser le commutateur allumant pour la première fois les 2 640 ampoules du phare.
La météo et son fonctionnement
Malgré ce qu’on peut en croire les passants sur la vidéo précédente de 1965, son fonctionnement est plutôt simple. Dès 6 h le matin et quatre fois par jour, un employé doit téléphoner les météorologues de l’aéroport de Dorval et apporter les modifications à l’éclairage à l’aide de commutateurs bien standards.
Si le phare tout en haut est vert, c’est du beau temps, rouge pour nuageux, rouge clignotant pour de la pluie et blanc clignotant de la neige. Les ampoules sur le mât représentent la température, si elles ont un mouvement ascendant, il fera plus chaud, descendant, il fera plus froid.
Quelques chiffres pour nous amuser, le phare lui-même en haut de la tour mesure 12′ et contient pas moins de 200 m de néons verts, 200 m de néon rouge et 3350 m de fils électriques. Il est allumé de 6 h à 3 h le matin suivant, et ce sept jours par semaine.
Démolition
L’immeuble est vendu au milieu des années 70 et le nouveau propriétaire, Trizec Properties, ne voyant pas l’intérêt dans un centre-ville où la majorité des récents gratte-ciel viennent cacher le phare de toute façon, décide de le démolir sans tambour ni trompette.
Si vous me permettez de spéculer pour un instant, la vraie raison de sa démolition est probablement due au fait qu’un autre immeuble de Trizec Properties posséde, lui aussi un phare beaucoup plus populaire. On parle bien sûr de celui de la Place Ville-Marie qui depuis 1971 illumine les nuits de Montréal.
Aujourd’hui, le 505 boulevard René-Lévesque Ouest est un bâtiment parmi tant d’autres, sans particularités, l’édifice est anonyme et semble tiré d’une différente époque ayant un grand besoin d’une revitalisation.
Le seul indice que nous avons qu’un phare a déjà affiché à 85 m du sol la météo pour les passants, c’est la vue de l’échafaud de métal où se trouvait la structure à l’époque que nous pouvons observer grâce à Google Earth.
D’ailleurs, le phare météorologique de Toronto est toujours debout affichant ses codes de couleurs sur le siège social de la Canada Life et a complètement été rénové en 2019.
J’aimerais avoir votre opinion, est-ce que la balise aujourd’hui aurait eu le même intérêt patrimonial que l’enseigne Farine Five Roses ou bien la peinte de lait Guaranteed Pure Milk ?