En salle plusieurs mois après sa présentation officielle lors des festivités du 375e et après sa participation au festival international des films de Toronto (TIFF). Nous avons finalement eu la chance d’aller voir le film du directeur François Girard et je dois l’avouer « Hochelaga : terre des âmes » m’a laissé un peu perplexe et pourtant, satisfait.
Avertissement, je ne suis absolument pas un critique de cinéma, mais je me considère tout de même un fin connaisseur du septième art. De l’autre côté de la médaille et comme j’ai mentionné sur le blogue à maintes reprises, je ne suis pas un historien non plus, juste quelqu’un qui est très curieux et qui aime bien l’histoire de Montréal. Je me retrouvais donc à être exactement le public cible pour cette œuvre. Je risque de dévoiler quelques détails du film, alors si vous ne l’avez pas encore vu et que vous avez l’intention de le faire, je vous invite donc à cliquer ici pour quitter la lecture de ce billet.
Synopsis
Lors d’un match de football des Redmen de McGill, la pluie provoque un affaissement de terrain dans le Stade Percival-Molson et dévoile des secrets qui donneront l’occasion à l’archéologue Baptiste Asigny (Samian) de mener des fouilles sous le gazon synthétique du stade. Les recherches permettront de déterminer l’emplacement de la mythique bourgade iroquoienne d’Hochelaga. Le fil qui relie tout ça est la présentation du doctorat où l’archéologue dévoile quelques-unes de ses découvertes qui se traduiront à l’écran par trois vignettes historiques.
Entre les vignettes et la thèse, nous sommes ramenés à une scène de massacre à l’époque où les Amérindiens étaient seuls et uniques résidents de ses lieux. Voici notre premier clin d’œil reliant le passé au présent. L’ancêtre de l’archéologue qui, unique survivant du massacre, se fait renommer Asigny et a la mission de répandre l’histoire de l’incident par le prophète sans nom joué par Raoul Max Trujillo.
Parce que nous sommes en 2018, le spectateur se rend rapidement compte d’être devant un film à saveurs modernes. Dans le premier 20 minutes du film, nous avons déjà entendu cinq langues différentes, été témoin de morts tragiques et assisté une scène d’ébats amoureux digne de Game of Thrones.
Les Vignettes
Vous rappelez vous des minutes du patrimoine? C’est à ça que nous avons affaire. Entre les scènes modernes et amérindiennes et au gré des découvertes sous le gazon du stade Molson, on nous présente trois courtes vignettes particulièrement romancées rappelant quelques centaines d’années d’histoire autour de la montagne.
Si le cinéma nous a habitués à voir des bons et des méchants, ces vignettes n’en ont pas vraiment. L’Église catholique et les red coats britanniques ne sont pas nécessairement représentés d’un côté positif, mais ça ne fait pas d’eux des méchants dans le sens hollywoodien. C’est ce détail qui leur donne un look de minutes du patrimoine, le film ne veut pas choquer personne.
Les vignettes
Le trappeur français (Emmanuel Schwartz) follement amoureux de l’Iroquoienne Akwi (Tanaya Beatty) renonce à la religion catholique et est frappé par l’épidémie de grippe qui court sur le territoire de Ville-Marie vers le milieu du 17e siècle. Après quelques scènes de notre histoire principale, ont se retrouve en 1837.
Ce sont deux patriotes recherchés par les Britanniques qui trouvent refuge chez une vieille anglaise, après la mort de son mari loyaliste, tourne le dos à la mère patrie pour soutenir les troupes de Papineau allant jusqu’à héberger Wolfred Nelson. Le plus drôle dans cette scène sont les Britanniques qui ont plus les allures de « Stormtrooper » dans Star Wars, n’étant pas vraiment adroit dans l’art de viser.
La dernière scénette est celle de la rencontre entre les résidents d’Hochelaga et la bande à Jacques Cartier (Vincent Perez). Rien vraiment de spectaculaire ici si ce n’est que la vue de l’île sans aucune habitation. Cette dernière vignettes à aussi l’honneur d’avoir la scène à faire grincer les dents du film. Cartier se retrouve tout en haut de la montagne et la renomme au nom du roi de France. En anglais nous pourrions dire que la représentation est « cringy » tellement elle est, avouons-le, mauvaise.
Forcé
Le premier mot qui m’est venu à l’esprit en sortant de la salle est « forcé ». D’abord, la cinématographie est très belle, les images du mont Royal sont exactement à quoi vous vous attendiez, le maître au milieu de l’île. Le film a eu un budget rarement rencontré au cinéma québécois et l’argent est visible à l’écran. Je ne sais pas si le cinéaste y allait pour le réalisme, mais le rendu est tout de même réussi.
Par contre, un tableau où nous pouvons voir la ville de la terre des Walker dans la vignette des Patriotes ou le moment dans du village d’Hochelaga avec les maisons longues avaient quelques choses de bande dessinée. On se croyait plus dans une fable que dans le monde réel. Du même coup, la scène de l’après-massacre sur la petite rivière était trop réaliste. On a donc un mélange des genres qui, je crois, n’était peut-être pas voulu.
On ne s’attache pas à aucun des personnages. La jeune Nasrin, quand même bien jouée par Naiade Aoun, n’est malheureusement rien de moins que la blonde du joueur des Redmen qui perd la vie. J’ai dû regarder le nom du personnage sur IMDB tellement ce n’est pas important à la narrative. Le personnage de Gilles Renaud n’est pas particulièrement engageant avec ses dialogues forcés entre lui et Baptiste. Par exemple, le moment où il lance à Samian quelques choses dans le style. « Tu ne laisseras pas la chance passée, surtout pas laisser ça à un blanc ». La ligne est supposée être canon, qui pousse le film dans vers la dernière étape et pourtant, ça tombe à plat, la phrase est artificielle dans le dialogue.
Tout au le long du film, on fait des connexions mentales, une fleur sauvage coupée plus tôt par un personnage se retrouve dans la prochaine vignette comme si elle avait repoussé au cours des différentes saisons. On commence rapidement à reconnaître les noms. Le patriote joué par David La Haye se nomme Leblanc, le joueur qui décède au début du film se nomme également Lelanc. Le nom « colonisé » du protagoniste à aussi son clin d’œil. Il se nomme Baptiste Asigny et son ancêtre mentionné plus tôt, se fait « rebaptiser Asigny » par le prophète. Même le nom de l’équipe locale de McGill, les Redmen ne sont pas sans rappeler les amérindiens ou les britanniques. On est loin de la subtilité ou de la coïncidence.
Et notre opinion là-dedans?
Je ne vous dévoilerais pas la fin, même s’il elle a de quoi de presque M. Night Shyamalan, elle reste prévisible si vous êtes un fin renard. Voici mes suggestions. Si vous êtes intéressé par l’Histoire et/où les fables, allez le voir. « Hochelaga : terre des âmes » est un très beau film qui vous permet de très bien visualiser le Montréal au travers de 750 ans d’histoire et disons le, vous fera passer une belle soirée. C’est un récit à mi-chemin entre « 15 février 1839 » de Falardeau et de « La Chasse-Galerie : La Légende » de Jean-Philippe Duval. N’allez pas le voir si vous tenez absolument à voir un film d’époque, ce n’est qu’une fiction et ça paraît en bout de ligne.
Je suis sorti déçu oui, mais ce sont mes attentes qui étaient trop grandes. Ça fait longtemps que je tenais à voir un film d’époque avec un budget de cette trempe et je vais devoir attendre encore un peu. J’ai entièrement apprécié ce qu’on ma servi, mais ce n’est pas ce que j’avais commandé. Si j’avais à lui donner une note, ce serait 3.5/5