Dossier: Les Ponts Lachapelle

Temps de lecture approximatif de 3 minutes

C’est peut-être moi, mais j’ai l’impression que nous donnons toujours trop de mérite aux ponts dit « de la Rive-Sud ». Nous entendons très souvent parlé de Jacques-Cartier, de Champlain et de Mercier. Même le pont Victoria est souvent mentionné avec erreur comme le premier pont de Montréal, mais il y a aussi des ponts au nord de l’île et c’est là que je continue notre dossier sur les traverses avec le Pont Lachapelle, ou devrais-je dire, les ponts Lachapelle ?

La Rivière-des-Prairies est traversée depuis longtemps par les habitants de Montréal et de l’île Jésus. Plusieurs entrepreneurs opèrent des traversiers tirés par des chevaux entre les deux rives qui sont séparées à plusieurs endroits par moins d’un kilomètre. Un de ces entrepreneurs est Pascal Persillier dit Lachapelle, propriétaire d’une traverse et de moulin du Gros-Sault. Une guerre de moulin avec un dénommé Lambert Dumont pousse les deux hommes à faire des demandes subséquentes pour la construction d’un pont à péage pratiquement aux mêmes endroits, entre l’Abord-à-Plouffe sur l’île Jésus et Cartierville du côté de Montréal. Dumont se voit offert le droit d’y ériger une structure, mais ne construira jamais ce pont, dégoûté par la concurrence déloyale de Lachapelle. Autorisé en 1834, le pont de bois est finalement inauguré le 20 juillet 1836 et a coûté 8300$. Je n’ai pas été capable de le confirmer, mais une seule source parlait d’un pont couvert de type Burr. Dans son édition du 21 juillet 1836, le Journal La Minerve parle d’une grande fête qui, après la bénédiction du pont par le Supérieur du Séminaire de Saint-Sulpice, Joseph-Vincent Quiblier, s’est étirée jusqu’aux petites heures. La maison de Lachapelle est encore debout au 2084 Boulveard Gouin Est au coin de l’Avenue de Lorimier

En 1860, le pont est vendu par la succession de Lachapelle au Curé du Sault-au-Récollet et est finalement revendu à la Compagnie des chemins et de péage de l’île Jésus. En 1882 le pont de bois fait place à un pont en acier de type « dos de chameau ». L’ouverture en 1923 du Parc Belmont et sa popularité grandissante force les autorités à commander la construction du Pont de Cartierville que l’on connait aujourd’hui. 1930 est une bonne année pour les ponts à Montréal, L’ouverture du Pont du Havre (Jacques-Cartier) en tête de file, mais aussi le Pont Viau et le nouveau Pont Lachapelle. Il y a confusion au sujet du nom du nouveau pont. Dans son édition du 24 mai 1930, The Gazette le nomme le Pont Legault tandis que la plupart des sources le nomme le Pont de Cartierville.

Le pont cantilever est une construction de la Dominion Bridge et sa longueur totale est de 305 mètres. En 1976, le pont est doublé du côté Ouest par l’érection d’une structure métallique à arcs à montants et la circulation devient unidirectionnelle sur les ponts jumelés. Le vieux pont passe de Montréal à Laval tandis que le nouveau pont offre le trajet contraire. Les ponts sont sous la responsabilité de la Ville de Laval, en échange, Montréal est responsable du Pont Viau à Ahuntsic. Plus de 38 000 véhicules y passent quotidiennement.

Le pont de 1930 détient également une grande valeur patrimoniale avec une note de 93 selon la charte d’évaluation du Ministère. En plus d’être le site du plus vieux pont de Montréal, l’endroit a aussi été le théâtre d’un acte de la révolte des patriotes de 1837. Les pilastres aux entrés du pont qui sont plus souvent qu’autrement couvert de graffitis sont aussi importants avec leur style néo-classique et finalement, l’ouvrage est aussi le premier pont majeur au Québec où l’on retrouve le sous-système «Waddell’s A» dans la poutre triangulée et structure construite par la méthode de l’encorbellement. Cette dernière partie est tiré directement, mot pour mot, d’un ouvrage technique, je ne suis pas ingénieur, je vais donc présumer que ça doit être une bonne chose.

Photo: Mathieu Labelle (Flickr)

Commentaires

Martin Bérubé Écrit par :

Amoureux de Montréal, fasciné par l'histoire de la ville, son urbanisme et sa toponymie, ni historien ni spécialiste du sujet, Martin n'était même pas né à l'époque de 99% des sujets discutés de ce site. Il aime trouver des réponses aux questions qui sont posées. Les billets que vous lisez ne sont que les résultats de la quête vers des réponses et le besoin de partager.