À l’eau Montréal, les Plages

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Île?; n.f. (Latin Insula), Espace de terre entourée d’eau de tous côtés. Je vais vous apprendre un secret, tenez-vous bien….Montréal est, selon cette description du Larousse, une île. Je le sais complètement sidéré. Blague à part, les relations avec l’eau qui entoure les Montréalais s’arrêtent souvent au maudit pont que certains doivent traverser à l’heure de pointe. Mais l’eau qui entoure la grande île de l’Archipel d’Hochelaga est assez méconnue.

Certains points que nous aborderons sont la baignade dans les eaux environnantes, un peu de géographie, sa pollution et bien sûr, parce que nous sommes sur ProposMontréal, beaucoup d’histoire et d’archives. Il me sera donc impossible de tout mettre cette information dans un seul et unique billet et c’est pour cette raison que, comme d’autres dossiers auparavant sur PM, nous séparerons toutes ces nouvelles connaissances en plusieurs articles plus petits.

Premièrement, je vais vous avertir tout de suite, nous allons mélanger l’île de Montréal et la Ville de Montréal, alors pas de panique, je suis bien conscient que je vais faire quelques faux-pas, mais ils sont de bonne foi. Maintenant, un peu de géographie. L’île se trouve, comme je le disais, dans l’archipel d’Hochelaga et est la deuxième île en importance sur le fleuve Saint-Laurent après l’île d’Anticosti, l’île la plus populeuse du Canada, la deuxième en Amérique du Nord (derrière Long Island, NY) et 37e sur la planète. Elle est bordée par le Fleuve St-Laurent, la Rivière-des-Prairies et la Rivière des Outaouais ainsi que les lacs Saint-Louis et Deux-Montagnes. Avec toute cette eau partout, comment se fait-il que Montréal ne ressemble pas à Copacabana??

Le fleuve Saint-Laurent et la Rivière-des-Prairies sont d’eau douce et particulièrement propre, pourtant, Montréal, n’a que deux plages leur donnant accès direct. Les deux plages situées dans l’ouest de l’île, une dans le Parc-Nature du Bois-de-l’île-Bizard et l’autre, un peu plus connu sont la plage du Cap-St-Jacques. Certain d’entre vous me diront qu’il y a cet endroit plage du parc Jean-Drapeau (que j’appelle encore la Plage Doré, trahissant mon âge probablement) et la nouvelle plage du Vieux-Port. La première est une plage artificielle et la deuxième ne donne aucun accès à l’eau.

Il est certain que la température en est pour quelque chose, Montréal n’est pas le Brésil après tout. La preuve, nos piscines municipales n’ouvrent que pour une période très courte de fin juin à la fin août. Mais il fut un temps où l’île Sainte-Hélène avait une vraie plage. En vérité, Montréal était un endroit complètement différent avant le 20e siècle et la campagne se trouvait à Pointe-aux-Trembles, Ahuntsic ou Dorval où il était fort possible de se baigner à qui mieux mieux.

Fond Conrad Poirier, 1938.
Fond Conrad Poirier, 1938.

Mais il n’y a pas que la météo, avec les années, les villes ont fait des erreurs vraiment importantes, entre autres, donner les berges aux plus offrants et c’est pour cette raison que la grande majorité de l’accès à l’eau est privée et n’est donc pas accessible à tous. Il est difficile de trouver les statistiques exactes, car elles varient de source en source, mais en moyenne l’île de Montréal compte plus ou moins 128 kilomètres de berges dont plus de 105 km sont privés. Il faut donc trouver un endroit où le courant est acceptable, où les Montréalais peuvent se rendre, où l’eau est de qualité et finalement où l’accès appartient à la ville. De ces 105 km de berges privées, sûrement un entrepreneur a eu l’idée d’ouvrir une plage et charger les visiteurs, mais comme nous avons mentionné plus tôt, il n’est pas possible d’avoir un plan d’affaires convaincant avec une business qui ne fonctionne que quatre mois par année.

La qualité de l’eau à Montréal est de façon surprenante de très bonne qualité, il est certain qu’il y a les endroits où la pollution a pris le dessus, surtout dans le Fleuve à la hauteur du port et des raffineries ou sous les différents ponts le traversant. Mais en général, l’eau sur la rive nord et la majeure partie de la rive sud sont de qualité acceptable et il ne manquerait qu’un peu d’effort collectif de notre part pour que ces cours d’eau soient absolument ouverts à la baignade. À titre de référence, la ville de Montréal offre une très belle carte interactive du suivi de la qualité des eaux par l’entremise du Réseau de Suivi du Milieu aquatique (RSMA).

plage_verdun

Je ne ferais pas de politique, promis, mais l’équipe de Richard Bergeron a lancé voilà quelques années une idée de construire une plage sur l’île qui couvrait tous les points mentionnés ci-haut, qualité, courant et accès public. Situés à Verdun derrière les Arénas de l’Auditorium, prêt de la station de Métro de l’église où je dois l’avouer, étant natif de Verdun, les gens se sont souvent baignés dans le passé. Pour des raisons qui prendraient un article au complet, Verdun a une mauvaise réputation venant des années 60 et 70 qu’elle est incapable de détruire, mais l’endroit est très bien choisi. Premièrement, avez-vous déjà fait la balade en vélo sur les berges du fleuve entre Lachine et le Vieux-Montréal. C’est une vue du fleuve comme vous ne l’avez jamais vu, un parc linéaire en milieu urbain où la nature côtoie la vie de ville de tous les jours. L’endroit où se trouvait la «?marina?» de Verdun serait parfait pour ce genre de projet, malheureusement, avec les fourberies des dernières années, ce genre d’innovation passera complètement inaperçu.

marina de Verdun sur les berges.
Marina de Verdun sur les berges.

Il y a eu plusieurs projets de plages et de point de baignades, pas plus tard que le 17 juillet passé, le Comité Citoyen Montréal Baignades organisait le 10e Grand Splash, événement ou les baigneurs montréalais reprennent le temps d’un court instant le fleuve à la hauteur du quai Jacques-Cartier et montrer que l’eau, est juste parfaite. À ce que je sache de l’événement, personne n’est décédé et personne ne s’est vu un bras lui pousser dans le front, c’est bon signe?!

Photo ©Roxanne Désilets Bergeron
Photo © Roxanne Désilets Bergeron

Sur l’île en entier, de Ste-Anne-de-Bellevue à Pointe-aux-Trembles, du boulevard Gouin au boulevard LaSalle et en passant de l’île Bizard à l’île Sainte-Hélène, des Montréalais se «?pitchent?» à l’eau à tous les jours sans danger et avec un sourire d’une oreille à l’autre. Pourquoi ne pas redonner aux nageurs ce qui a déjà été le leur?? La traversée du lac Saint-Jean est de 32 kilomètres, je suis certain qu’il serait possible d’organiser une traversée du lac des Deux-Montagnes entre Hudson et LaSalle, ou bien, ajouter quelques plages où l’eau est la meilleure.

Les prochains arrêts de notre croisière des eaux de Montréal, les sports aquatiques, la pollution et les transports, soyez des nôtres et soyez prudent sur l’eau, un accident est si vite arrivé.

NDLR ProposMontréal est un passe-temps, une passion. Mais l’été est le moment où ma vie de tous les jours est la plus occupée, mon boulot à temps plein m’engouffre plus que je l’aimerais. Ce qui explique mon absence chaque année en cette période. Mais ne vous inquiétez pas, PM est toujours des vôtres, merci à ceux qui m’ont envoyé des courriels pour se renseigner.

Commentaires

Martin Bérubé Écrit par :

Amoureux de Montréal, fasciné par l'histoire de la ville, son urbanisme et sa toponymie, ni historien ni spécialiste du sujet, Martin n'était même pas né à l'époque de 99% des sujets discutés de ce site. Il aime trouver des réponses aux questions qui sont posées. Les billets que vous lisez ne sont que les résultats de la quête vers des réponses et le besoin de partager.