Je me devais de faire un petit billet à ce sujet qui a piqué ma curiosité aujourd’hui et qui semble avoir piqué la curiosité de beaucoup de gens. Je vous le promets ce sera court. Ces « pics » dévoilés ce matin dans Le Devoir pour empêcher les gens de s’asseoir et qui visait plus particulièrement les flâneurs et les sans-abris. Vous les avez tous vu, ce dispositif a fait les manchettes toute la journée. Le tollé levé par l’installation est non sans rappeler cette image dans les réseaux sociaux des pointes sortant du sol dans la ville de Londres autour de résidences de luxe.
Anti homeless floor studs. So much for community spirit 🙁 pic.twitter.com/Yz8VF7Ryid
— Ethical Pioneer (@ethicalpioneer) 6 Juin 2014
Le Maire s’est même déplacé lui-même pour aller les voir en personne en affirmant devant les caméras, « S’il faut les arracher nous-même, nous le ferons, dans ma ville, c’est pas vrai qu’on va humilier des gens ». Mais voilà, le problème c’est que la ville fait déjà dans ce genre « d’humiliation » pour emprunter les paroles de M. Coderre. Montréal achète depuis un certain temps des bancs pour les endroits stratégiques où il est impossible de s’y coucher. Prenez par exemple ces bancs dans la Place Norman-Bethune au coin des rues Guy et de Maisonneuve. Ils sont beaux et probablement confortable à s’asseoir, mais passer à l’horizontale est pratiquement impossible si vous mesurez plus de 3’1″.
Le mobilier urbain est acheté avec certaines conditions, solidité, entretien, résistance aux intempéries, design mais malheureusement aussi, ces conditions anti-sans-abris. Prenez cet autre exemple du studio Dallaire très connus à Montréal, le banc de longueur standard est séparé par les appuis-bras. Il est certain que sur son site web, il sera facile de dire que le banc est dessiné ainsi pour donner la possibilité à plus d’utilisateur de pouvoir utiliser les appuis-bras, mais derrières les portes clauses entre acheteurs et fabricants, un point de vente du design est simplement pour empêcher de s’y coucher.
Il est vrai que pour certain, les sans abris peuvent devenir une nuisance à leur train-train quotidien. En se rappelant l’histoire d’Alain Magloire abattu par un policier en février 2014, les sans-abris sont souvent incompris ou malades ce qui rend la situation des fois difficiles. D’autre ne veulent absolument rien savoir et ne veulent pas sortir de leur situation, mais ces derniers ne sont qu’une minorité. Après tout, qui ne veut pas d’un toit permanent au-dessus de sa tête, surtout durant nos hivers froids.
Du même coup, je comprends un peu les gens qui font installer ces dispositifs, voulant avoir un coin de la ville sécuritaire pour tous. Ce n’est malheureusement pas en repoussant ces gens vers le voisin que le problème va se régler. J’ai même une expérience personnelle à vous raconter. Je ne le cache pas, j’habite dans un condo au centre-ville. Mon entrée de garage est à l’arrière, accès par la ruelle, soir après soir, des gens utilisent l’alcôve créée par l’entrée de garage en question pour aller faire leurs besoins, heureusement, on ne parle que d’uriner ici, mais quand même, c’est mon entrée, que j’essaie de garder propre, c’est mon petit coin de ville, de Montréal que je veux présenter propre et faire ma part pour embellir la ville. Mais voilà, mon problème ce n’est pas les sans-abris, ce sont des saoulons qui ne peuvent se retenir, surtout quand il y a des événements dans la place publique juste de l’autre côté de la rue. Si j’étais vraiment de mauvaise foi, je ferais poser une lumière pour les gêner durant leur expérience urinaire ou encore, faire installer une grille pour fermer le « trou ». Mais non, je suis obligé d’avoir cette odeur nauséabonde sous ma fenêtre à cause de gens qui ne savent pas vivre. À ce moment, je préférerais que ce soit des sans abris.
Tout le monde veut faire de Montréal un meilleur endroit, une plus belle ville, mais ce n’est pas en pelletant le problème chez les voisins que ça va se régler. Le problème des accessoires anti-SDF ne se trouvent pas qu’à Montréal ou à Londres, c’est partout dans les grandes villes de la planète et en voici une galerie de quelques exemples qui souvent, sont caché sous l’argument du design et de l’art public. Qu’en pensez-vous ?
Vous voulez aller plus loin, plus extrême encore? Pourquoi pas un banc de parc où vous devez payer pour vous y asseoir ?
Le design d’environnement, qui propose des abribus, bancs publics et autres services, se voit là dépassé par un phénomène social et politique, visuel et symbolique. Ce que je raconte est simple, il ne faut pas nécessairement créer un espace public en faveur des sans abris, mais il na faut pas nécessairement créer des environnements anti-sans-abris non plus