Pendant que notre politique municipale bouillonne et que notre politique provinciale semble n’aller absolument nulle part parce que personne ne veut laisser la chance au gouvernement de se planter lui-même, notre gouvernement fédéral est en train de nous en passer une vite. Après la royauté anglaise, notre « bon » gouvernement Harper à une fixation maladive sur cette guerre de 1812. La guerre anglo-américaine de 1812 est une partie de notre histoire qui franchement, ne nous a jamais touchés et que l’on essaie de nous gaver à coup de publicités et de propagandes. Voilà que nos amis d’Ottawa ont eu l’idée géniale de renommer le massif édifice des douanes situé aux coins des rues McGill et Marguerite-D’Youville dans le Vieux-Montréal. Bon, je vais leur donner raison sur un point, ce bâtiment avait un nom qui manquait relativement d’originalité.
Premier point, cette guerre de 1812 qu’on nous mentionne à gauche et à droite à coup de pubs, de produits dérivés et d’action qui nous coûte probablement trop cher pour rien est peut-être une des guerres les moins connues de notre histoire. Il semble bien qu’Ottawa semble bon et important de nous la faire connaître. Alors, je la résume pour vous ici. Les États-Unis s’en prennent aux Britanniques qui imposent un blocus le long des côtes américaines pour empêcher les échanges entre les tout nouveaux É.-U. et la France à cause de guerres déjà en cours en Europe. Grosso modo, cette guerre ne touche que de petites parties du Québec, soit la bataille de la Châteauguay et celle de Lacolle. Ce qu’il nous en reste aujourd’hui? Quelques noms connus comme Laura Secord, plus connue ici comme étant le nom d’une chaîne de boutiques de chocolat. Le nom du Commandant Charles-Michel de Salaberry, dans le sens de Salaberry-de-Valleyfield et un Shawnee algonquin de l’Ohio au nom de Tecumseh, qui aujourd’hui est reconnu par le nom d’une rue à Dollard-des-Ormeaux (où est-ce Pointe-Claire?) et d’un parc à Gatineau. Est-ce que la guerre de 1812 est importante? C’est à vous d’en juger, quant à moi, on pourrait bien se passer du cours d’histoire forcée par nos amis de la Colline du Parlement canadien. Vous voyez donc l’importance avec Montréal? Patientez, l’insulte n’est pas encore terminée.
Dominique Ducharme, trafiquant de fourrures, officier de milice, fonctionnaire et juge de paix, né le 15 mai 1765 à Lachine. Ça commence bien, au moins c’est un natif de ce que l’on nomme aujourd’hui la région Montréalaise. Ducharme, traitant la fourrure, quitta rapidement le Canada se rendant dans le Wisconsin et est une partie importante de l’histoire de la ville de Green Bay. Il revint à Montréal (Deux-Montagnes) en 1810 pour épouser Agathe de Lorimier, cousine de la fesse gauche du patriote de Lorimier d’où est tiré le nom de la rue devant la prison où ce dernier sera pendu. Le 24 juin 1813, alors que Dominique est le capitaine de la garnison de Beaver Dams à Thorold en Ontario), signale la position de quelque 500 Américains aux Britanniques qui repoussèrent l’ennemie. Pour tout simplement avoir passé le message entre Laura Secord et les hommes FitzGibbon qui firent tout le sale boulot, Ducharme fut muté sous la commande de Salaberry où il eut l’honneur d’être médaillé et agrafé. En 1816, de retour à sa résidence Lac des Deux-Montagnes, il est nommé interprète du département des Affaires indiennes et juge de paix. En 1837, lors d’une inspection à Saint-Benoît (Mirabel) de la milice, des patriotes protégés de Papineau provoquèrent Ducharme en le traitant de Chouayen (fédéraliste). Mais en bon représentant du gouvernement canadien, même à 72 ans, il défendit l’honneur en provoquant en duel le patriote qui l’avait insulté. Duel qui n’aura jamais lieu. Mais, même étant un fédéraliste anti-patriote, il encourageât plusieurs traîtres (patriotes) à fuir lors du statu quo politique. Pour connaître son histoire, je vous invite à lire ce document-propagande du dictionnaire biographique du Canada qui montre les patriotes et les Américains comme des méchants et des traîtres et Dominique Ducharme, un héros qui pourtant me donne l’impression de ne pas avoir fait grand-chose et en Ontario en plus.
Vous me suivez toujours? Récapitulons, on nous offre de renommer un bâtiment important de l’historie de la Métropole en utilisant une guerre peut intéressante pour nous en utilisant le toponyme d’un pro-britannique ayant fait la vie dure aux séparatistes. Je tiens à préciser que je vulgarise pour garder ce récit court et que oui, j’assume un certain parti pris contre cette nomination.
Finalement, un petit clin d’œil à ce massif et important édifice qui porte maintenant le nom de ce « héros canadien ». Originalement érigé entre 1912 et 1916 avec une deuxième phase de 1934 à 1936 il est bâti sur les lieux du lavoir de l’ancien Hôpital général (de 1840) sur un terrain acheté des Soeurs-Grises, dessiné par les architectes Horwood et Lapierre. Le bâtiment est un entrepôt d’inspection des marchandises. Lors de son agrandissement et de sa reconstruction, redessinée par Thomas W.Fuller et Dalbé Viau, prévu en 1910, mais réalisé qu’en 1934, une immense salle de guichets douaniers remplit les deux premiers étages de huit. De superbes grandes voûtes dorées entourent également l’édifice qui lui donne un air solennel. Aujourd’hui, l’édifice abrite des bureaux de plusieurs ministères fédéraux. Entre autres, des bureaux de recherches d’environnement Canada (ceux pas encore fermés).
En conclusion, on renomme un immeuble qui n’avait vraiment pas besoin de l’être, en utilisant un nom le nom d’une personnalité qui est même obscure au Canada et qui en a encore moins ici. Je commence à croire qu’il y a un haut fonctionnaire à Ottawa qui cherche des façons de nous faire suer. C’est probablement le même type qui a eu la géniale idée de renommer l’aéroport de Dorval.