Roger D’Astous, le documentaire

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Le 50e anniversaire du Château Champlain coïncide avec le film actuellement en salle sur la vie et l’œuvre de l’architecte derrière la fameuse « râpe à fromage ». Roger D’Astous, que je ne connaissais que très peu, sauf de nom, me paraissait comme un bien étrange sujet pour un documentaire. Je me disais en plus du Château Champlain et des pyramides du Village Olympique, qu’est ce qu’il peut bien avoir fait pour que le réalisateur Étienne Desrosiers lui offre la chance d’être immortalisé au grand écran dans son plus récent film.

Construction du Château Champlain
Photo: Archives de Montréal, VM94-Ad063-002
Village Olympique
Photo: Archives de Montréal, VM94-B206-011

Voilà où je me trompais, ses maisons, ses églises son architecture en général a fait de lui une sorte de « starchitecte » montréalais au même titre que Cormier. Ses œuvres auront marqué autant leur époque que celles de Joseph Venne (Monument Natonal, Église Notre-Dame-des-Sept-Douleurs) ou de Dalbé Viau (Oratoire, église Nativité-de-la-Sainte-Vierge-d’Hochelaga). Pendant que Mies Van Der Rohe érige le Westmount Square dans l’ouest en 1967, D’Astous fait grimper le Château Champlain au centre-ville. Un des protégés et épaulés par le grand architecte Frank Lloyd Wright, D’Astous est le premier québécois à étudier, même si ce n’est que pour une courte période, sous le grand maître. Avec la chance de créer des œuvres partout sur la planète, c’est dans son Québec natal qu’il décide de venir partager son talent.

Église St-Rémi
Photo: ProposMontréal

Le film présente un homme d’une belle extravagance, autoritaire et dont la présence imposait un certain respect. Rempli d’anecdotes représentant très bien le personnage, Desrosiers peint l’image d’un artiste qui malgré un grand contrôle de ses moyens a dû faire face à des obstacles importants. Que l’on pense par exemple aux complications lors de la construction des pyramides olympiques de la rue Sherbrooke. Elles l’auront traîné dans un dédale juridique dont il aura de la misère à sortir. La peur des anglophones suite à l’élection du PQ en 1976 vient également miner les plans pour plusieurs projets pour lui et son associé, Luc Durand dans le West-Island. Il sortira de cette période noire vers 1984 où il concentrera son travail surtout dans le résidentiel. Né après ses grandes années, je me suis même surpris au travers du documentaire et des yeux du réalisateur à découvrir un peu plus ce qu’étaient les années 60 à Montréal. Si vous aimez l’architecture, le film est parsemé ici et la de superbes images, de lignes épurés et des prises de vue intérieures de maisons privées dont nous avons rarement la chance de voir. Parce que c’est là que D’Astous excellait, dans l’utilisation de l’espace intérieure à son meilleur. Mélangé avec les entrevues de la famille, de propriétaires actuels, connus et moins connus, des résidences dessinées par le principal intéressé, le documentaire présente très bien la vie et l’œuvre de Roger D’Astous sur un angle tout à fait personnel.

Résidence Privée
410 Lakeshore Drive, Beaconsfield.

Le bût de ce billet n’est pas de vous présenter la vie de l’architecte. Si le sujet vous intéresse, je vous invite à voir le film en salle, il est certain que nous le verrons bientôt sur une chaîne comme Artv, Télé-Québec ou bien en vidéo sur demande. Mais pour le moment, il est encore en projection au Cinéma Beaubien à des heures un peu bizarroïdes si vous voulez mon avis.

Pour ce qui est de l’œuvre de Roger D’Astous, si vous habitez Montréal, vous avez sûrement croisé une de celles-ci. C’est certain que tout le monde connaît le Château Champlain et le Village Olympique, mais saviez-vous qu’il est aussi le dessinateur de la Station Beaubien? Comme plusieurs architectes québécois, il a été appelé à faire maintes églises. Si une église n’a pas les allures traditionnelles, il y a un de bonnes chances qu’elle soit une D’Astous. L’Église Saint-Jean-Vianney de la rue Beaubien ou l’Église Hosanna Evangelical dans NDG en sont des exemples parmi les plus reconnus. Il est possible d’y voir de grandes lignes droites fuyantes, les angles très aigus et les pentes servant de vraies signatures à ses bâtiments. Ses églises ayant marqué les quartiers populaires, c’est à lui que le diocèse de Montréal fit appel lors de la réalisation du Pavillon Chrétien de l’Expo 67.

Pavillon Chrétien, Expo 67.
Photo: Diocèse de Montréal

Il dessina également plusieurs maisons se trouvant partout au Québec, que l’on pense à la Résidence Snyder du 410 chemin Lakeshore de Beaconsfield ou bien la maison Gohier à l’Estérel, régulièrement mentionné comme une de ses plus belles. Roger D’Astous a laissé sa marque au travers de ses œuvres, de ses édifices qui aujourd’hui sont encore reconnus et admirés par tant d’amateurs d’architecture moderne. À saveur personnelle, je dois reconnaître le grand talent de l’architecte, est-ce que toutes ses constructions ont bien vieilli? Je ne m’aventurerais pas sur ce terrain glissant. Quand vous croisez une œuvre de D’Astous, il est impossible de ne pas la remarquer et de se passer de commentaire.

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Pour visionner le film « Roger D’Astous » (103 minutes) du cinéaste Étienne Desrosiers.
Cinéma Beaubien, 2396 Beaubien Est.
Lundi au jeudi à 14h40.

Église Notre-Dame-Du-Bel-Amour
Photo: ProposMontréal
Construction de la Station Beaubien.
Photo: Archives de Montréal, VM94-Md41-014

Commentaires

Martin Bérubé Écrit par :

Amoureux de Montréal, fasciné par l'histoire de la ville, son urbanisme et sa toponymie, ni historien ni spécialiste du sujet, Martin n'était même pas né à l'époque de 99% des sujets discutés de ce site. Il aime trouver des réponses aux questions qui sont posées. Les billets que vous lisez ne sont que les résultats de la quête vers des réponses et le besoin de partager.