Ouverture des bars

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Je n’étais pas certain de vouloir en parler puisque la couverture médiatique est déjà grande, mais voilà que je ne trouvais pas cette couverture très adéquate, faisant plus dans le sensationnalisme du sujet que dans la reconnaissance des faits. Alors, voici donc mon point de vue sur la matière qui, pouvons-nous dire, est plutôt… houleux.

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Au Québec, l’article 59 de la loi P-9 de la Régie des Alcools se lit ainsi; Un permis autorisant la vente ou le service de boissons alcooliques pour consommation sur place peut être exploité tous les jours, de huit heures à trois heures le lendemain. Cette loi date de 1979, soit voilà 35 ans déjà. Montréal, le Québec et Terre-Neuve, se retrouvent parmi les privilégiés au canada avec leur ouverture jusqu’à 3:00 du matin, avec la plupart des last calls dans le ROC étant 2:00. Certaines ville donne des permissions spéciales lors d’événements spéciaux, comme durant les festivals, par exemple, En Colombie-Britannique, il est possible d’ouvrir jusqu’à 4h durant ces événements. Chez nos voisins du sud, les heures d’ouvertures varient selon l’état, mais en moyenne, entre 1h et 4h. Certains états comme la Louisiane et le Nevada (Vegas!) peuvent ouvrir 24h tout comme dans plusieurs pays comme la Belgique, le Japon et l’Australie. Plusieurs villes se sont doté d’une charte de la vie nocturne, pour en savoir plus, vous pouvez lire le texte de l’ami de PM, le blogue C’est toi ma ville qui en a fait une très bonne description avec plusieurs exemples et les bienfaits qu’une charte de ce style pourrait apporter à la ville.

Le projet, se décrit de cette façon. Des établissements sélectionnés dans des rues adéquatement équipées pour recevoir les fêtards se verront le droit de servir de l’alcool jusqu’à 5h30 du matin et devront fermer leur porte à 6h. Les propriétaires sont limités à quatre fins de semaine, en juin et juillet, les autorisations finales doivent être données par la Régie des alcools, des courses et des jeux. Les rues sélectionnez, soit St-denis et Crescent, sont déjà au centre de la vie nocturne de la ville et limité en rues résidentielles environnantes. Je vous mentionne la liste des endroits sélectionnés à la fin de cet article.

Les opposants au projet-pilote ont 30 jours pour se manifester et des opposants, il y en a. Commençant par l’Union des Tenanciers de bars du Québec qui dit ne pas avoir été consulté et qui juge que le projet aurait dû être étendue à l’ensemble de l’arrondissement de Ville-Marie. Je suis certain qu’à quelque part, ils sont bien heureux de se tournant dans la politique municipale, mais doivent quand même représenter la majorité de leur 700 membres. Je tiens également à préciser que le Président de l’Union des tenanciers de Bars est l’homme d’affaire Peter Sergakis, personnalité connue pour ces oppositions régulières, comme son opposition à la mise en place de la société de développement commercial du village et son opposition à la ville au sujet de l’agrandissement de son établissement sur Ste-Catherine Ouest. Il a aussi fait les manchettes pour une altercation avec des clients indésirables (il avait peut-être raison là) et finalement, de ces 20 établissements au centre-ville, aucun n’a été sélectionné dans ce projet pilote.

Merci de laisser votre siège
Merci de laisser votre siège

Pour les arguments de la sécurité, il est certain que l’ouverture tardive semble logique, premièrement, Montréal a la chance d’être équipé d’un système de transport en commun hors pair, sauf la nuit. Le service d’autobus la nuit est très négligée et le taxi, plus dispendieux, est la meilleure et la seule façon de se déplacer en toute sécurité en attendant le premier métro. Coup de chance, ces premiers métros commencent à rouler vers 5h30 du matin sur les lignes principales. Il sera donc possible de prendre le métro pour se rendre et quitter les bars. À l’heure de fermeture traditionnelle des bars, beaucoup de conducteurs ne sont pas en état de conduire et pourtant, nous les mettons à la rue, intoxiqués et à quelques pas de leur voiture, la tentation est donc trop facile de prendre le volant. Je me retrouve de temps en temps à conduire au centre-ville entre 3h et 4h du matin et je dois que j’ai une certaine nervosité de me faire frapper par un ou une ivre au volant. De toute évidence, le SPVM aura une parole importante dans tout ce dossier et je suis bien content de ça.

Il y a bien sûr le côté économique et touristique de l’idée. 2h30 de consommation de plus est littéralement un « no brainer », voici un petit calcul rapide et sans fondement scientifique. Si vous prenez un bar où vous pouvez asseoir 150 personnes, à environ un verre par personne par 30 minutes, à la fin de la soirée, c’est 750 consommations d’une valeur moyenne de 10$ chaque. C’est 7500$ de plus dans les coffres de l’établissement et de taxes dans les poches gouvernementales. Montréal a déjà eu une réputation libertine et durant une montée religieuse des années 50, cette image en a pris son coup grâce à des personnalités comme le Cardinal Léger et le pouvoir de l’Union Nationale. Pourtant, plusieurs bars du Quartier Latin et de la Rue Crescent ont simplement décidé de ne pas participer à l’essai et se voient sceptiques aux succès à la fin de tout ça.

Ste-Catherine, 1952
Ste-Catherine, 1952

Du côté humain de ce plan, il y a trop de questions, d’où le besoin pour un projet-pilote. Les employés voudront-ils travailler ces 3h de plus? Après le ménage, avoir fait les caisses et l’inventaire, ce personnel n’aura pas quitté les lieux avant 7h30-8h. Je connais plusieurs personnes qui ont des emplois à temps plein durant le jour et qui travaille dans des bars pour arrondir les fins de mois, de 11h à 3h il n’est pas rare de faire quelques centaines de dollars en pourboire. Les tenanciers devront-ils trouver du personnel pour couvrir quelques heures supplémentaires ou forceront-ils leurs employés actuels à en faire plus? Est-ce que cela pourrait peut-être créer de l’emploi? À la défense du consommateur, il y a le danger de voir des gens avec des problèmes d’alcool se voir offrir leur pêcher sur un plateau d’argent, se sera donc, comme il est en ce moment, la responsabilité du personnel de juger si vous en avez eu assez. Pour les résidents, ça peut aller des deux côtés, avec une fermeture à 3h, les rues avoisinantes peuvent être envahies de clients intoxiqués, mais cela dure environ 15 à 30 minutes et le calme revient rapidement dans le quartier (J’habite dans ce genre de coin). Avec une fermeture à 6h, le bruit s’étire donc sur une plus grande période et pourrait être une perturbation allongée. De l’autre côté, il est possible que cela allonge les sorties et entrées et soit moins dérangeant en bout de ligne. Ce sont toutes des questions qui méritent d’être posées, il y a beaucoup de spéculations, mais peu de réponse concrète. Suite à la fin du projet-pilote, les résultats seront étudiés par les partis concernés et passera ensuite à l’Office de Consultation Publique.

Je ne suis ni d’un côté comme de l’autre, je n’ai plus l’âge ou sortir dans les bars jusqu’à leur fermeture de toute façon. Franchement, je crois que ça doit faire 10 ans depuis que j’ai fermés un établissement pour autre raison que le travail. Il est certain que l’image de la ville ne pourra qu’en profiter, une vie nocturne est le signe d’une ville en santé selon moi. C’est l’impact humain qui m’inquiète sur plusieurs fronts, des études suite à un changement d’heure en Norvège ont prouvé que la violence augmentait plus les heures étaient allongé, mais autant que nous aimons bien nous comparer aux pays scandinaves, Montréal est une ville bien Nord-Américaine et notre interaction avec l’alcool est très différente que dans les pays d’Europe. Chapeau au Maire Coderre d’au moins essayer de nouvelles choses qui sans vraiment coûter plus cher à la ville, change la façon des citoyens de voir celle-ci.

Photo: Tourisme Montréal
Photo: Tourisme Montréal

Les 19 établissements ont été choisis simplement à cause de leur situation géographique et j’espère voir ce projet-pilote s’étendre sur différent arrondissement, je pense automatiquement au Village, au Plateau et à Rosemont. Pour l’instant, voici les heureux (ou malheureux) qui auront la chance (ou la malchance) d’être les rats de laboratoires pour ce projet.

Quartier Latin
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  • Le Bistro à Jojo, 1627 Saint-Denis
  • Point Bar, 2017 Saint-Denis
  • Café Hookah Lounge, 1699 Saint-Denis
  • Bar Passeport, 2037 Saint-Denis
  • Pub L’Île noire, 1649 Saint-Denis
  • L’Abreuvoir, 403 Ontario Est
  • Loup-Garou, 1738 Saint-Denis
  • Bar Diablos, 1693-A Saint-Denis
  • En Cachette, 1765 Saint-Denis
  • Le Saint-Bock, 1749 Saint-Denis
  • L’Amère à boire, 2049 Saint-Denis
  • Pub Quartier latin, 318 Ontario Est

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Crescent
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  • Ziggy’s Folies, 1470 Crescent
  • Burger Bar Crescent, 1465 Crescent
  • Bar Électric Avenue, 1476-A Crescent
  • Bar Seven, 1432 Crescent
  • Bar Winnie, Pub Winston Churchill, Cellier Karina, 1455 Crescent
  • Xotica, 1466-A Crescent
  • Club Extreme, 2020 Crescent

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Maintenant, si seulement on pouvait acheter de l’alcool au Dépanneurs après 23h, cela serait apprécié.

Commentaires

Martin Bérubé Écrit par :

Amoureux de Montréal, fasciné par l'histoire de la ville, son urbanisme et sa toponymie, ni historien ni spécialiste du sujet, Martin n'était même pas né à l'époque de 99% des sujets discutés de ce site. Il aime trouver des réponses aux questions qui sont posées. Les billets que vous lisez ne sont que les résultats de la quête vers des réponses et le besoin de partager.